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Les origines du Bouvier bernois

Le 3 février 2014 PAR Anva - 4 (381 votes)
Illustration de l\'origine du-Bouvier bernois

Le Bouvier Bernois est une race récente aux origines anciennes et mystérieuses. D'abord utilisé comme chien de garde dans les exploitations agricoles, il est par la suite utilisé pour conduire les vaches dans les patûrages de montagne et les rentrer à la ferme pour la traite. Polyvalent, on lui attelait également à une petite charette pour déplacer les bidons de lait et de fromage de la ferme à la laiterie. Enfin quand il ne travaillait plus il était le chien de compagnie de la famille. Ce chien tricolore est pendant très longtemps aprécié des fermiers, pourtant son histoire démontre qu'il a bien failli tomber dans l'oublie pour disparaître à jamais.

Les ancêtres du Bouvier Bernois

L'origine exacte du bouvier bernois est mystérieuse. Les documents, peintures et parchemins ne suffisent pas, il nous faut aller bien au-delà, par la consultation des recherches archéologiques. Entre autres, même si rien ne peut être véritablement définie avec certitudes, des os de grand chien ont été découverts dans les cités lacustres de la Suisse centrale. Ces cités représentent des constructions faites durant la période néolithique, entre 2 000 et 3 000 ans avant notre ère, au bord d'un lac, voir sur l'eau. La période néolithique, c'est aussi le moment où commence à apparaître de nombreux bouleversements sur les plans techniques, économiques et sociaux liés à nouveau style de vie fondée sur l'agriculture et l'élevage. On suppose que c'est à partir de cette période qu'ont débuté les premières " sélections " de chien basées sur l'utilité au travail. Par la suite de l'histoire, ces chiens ont probablement Gelbbacke joué un rôle dans la naissance des ancêtres du Bouvier Bernois, mais il ne s'agit là que d'une hypothèse non-vérifiable aujourd'hui.

Au cours du Ier siècle avant J.C, nous sommes en plein dans l'Antiquité qui représente notamment l'avancée de l'empire Romain dans le monde méditerranéen et l'Europe de l'Ouest. L'histoire révèle que ces derniers sont venus conquérir la Suisse par les Alpes, pour s'y installer, emportant avec eux des troupeaux de bovins accompagnés de chiens conducteurs. Leur os (surtout le crâne) ont été analysés en 1901 par l'anatomiste suisse, Théodore Studer. Selon lui, ils proviendraient bien d'un chien de paysans Bernois. Ensuite, les résultats de ces analyses ont été utilisés pour démontrer la présence sur ces terres, de Bouvier Bernois à cette période. Malheureusement, rien n'indique qu'il s'agissait réellement de cette race, tout ce dont nous savons concrètement, c'est que les paysans Bernois utilisaient des chiens de grande taille.

Certains cynophiles affirment que le Dogue du Tibet serait l'ancêtre du Bouvier Bernois. Ceci parce que les Romains sont réputés pour l'utilisation de chien de type molosse sur les champs de bataille et dans les jeux de cirques ( chien de combat ). En envahissant l'Europe de l'Ouest, ils auraient emmené les molosses, qui sur place auraient été croisés avec des bouviers locaux. Notons que la présence des chiens de type molosse en provenance d'Asie comme les Dogues et leurs ancêtres dans l'empire Romain, se justifie par l'invasion des Barbares du Nord et d'Asie sur les territoires romain, durant le IIIe siècle.

Tableau de Paulus Potter
Tableau de Paulus Potter illustrant un chien tricolore près d'un troupeau de vache

En résumé, nous savons qu'il existait des chiens de grande taille dans la Suisse centrale et que ceux-ci ont possiblement été mélangés avec les molosses. Ces alliances constituent l'émergence des premières lignées de chien utilisées par les agriculteurs suisses. Ces derniers se sont attachés à développer une race efficace et fiable dans son travail. Pendant ce temps, l'histoire continue son chemin et durant Moyen Age, l'Europe s'intéresse de plus en plus aux chiens de chasse. Tant et si bien qu'il n'existe quasiment aucune trace concernant les chiens employés dans l'agriculture. La plupart des peintures illustrent des chiens en train de chasser ou des petits chiens de compagnie appartenant à la noblesse.

Ce n'est que pendant l'Époque Moderne qu'un chien tricolore sera peint en arrière plan, en 1651, par Paulus Potter. Paulus Potter est un peintre hollandais qui dans son tableau va illustrer deux personnes et un chien noir, blanc et feu, s'occupant d'un troupeau de vaches ; la présence d'un chien tricolore en Hollande peut s'expliquer par les commerces d'agriculteurs entre la Suisse et le Pays-Bas. En 1773, un autre artiste suisse du nom de Freudenberg dessine une ferme en plein travail où sera présent de grands chiens tricolores. Cette fois, nous sommes convaincus, les chiens type Bouvier Bernois étaient déjà présents aux côtés des fermiers au XVIIe siècle.

(Re)Construction de la race

Entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle, les agriculteurs se sont concentrés sur des sélections basées sur les aptitudes du chien au travail. À la différence de nos chiens de troupeaux en France, les agriculteurs Suisses recherchaient avant tout un chien qui soit capable de garder, protéger et conduire les troupeaux de bovin. Ce même chien devait être fidèle à son maître, protéger sa ferme, sa famille et enfin se montrer comme un bon chien de compagnie ( même si ce dernier point n'était une priorité ). Par ailleurs, il est souvent représenté en train d'aider son maître à tirer des charrettes de lait, qui est devenu l'image mythique du bouvier.

Il faudra attendre le XIXe siècle pour voir se construire des clubs destinés à protéger et promouvoir les races de chien. Dans la même période, de nombreux amateurs de chiens ont importé des races étrangères - car seul le Saint-bernard était alors populaire. Ces importations entraînèrent l'oublie des chiens locaux dont notre tricolore qui est alors menacé de disparaître, jusqu'à ce qu'un homme, Franz Schertenleib, se lance à la recherche du type de chien que possédait son père.

Cet homme sera considéré comme étant le père de la race. On estime que c'est grâce à son intervention si le Bouvier existe encore aujourd'hui, qu'il a pu se développer et se populariser. Mais ne brûlons pas les étapes ; nous sommes dans les années 1890 lorsque F. Schertenleib recherche son futur chien. Et c'est dans le hameau de Dürrbach, au sud de Berne, en 1892 qu'il tombera sur un chien considéré comme un Gelbbäkler (qui signifie chien aux "joues jaunes ). Et c'est à partir de ce type de chien que sera reconstruite la race.

Bouvier Bernois et sa charrette
Bouvier Bernois qui tirent une charrette de bidons de lait. Photo Bmdca

Plus tard, F. Schertenleib est rejoint dans son combat pour promouvoir la race, par Albert Heim, un géologue également amateur de la race. Ensemble, ils vont se démener pour que les fermes utilisent à nouveau le Bouvier qu'ils appelleront Dürrbächlers, du nom du hameau où l'un des derniers fut retrouvé. Et dès 1899, une publication de Probst, sur la race, attire l'attention d'un photographe, M. Deppeler. Ensemble, ils vont organiser une classe d'essai pour présenter six mâles et une femelle à la Swiss International Kennel Club. En 1905, 4 de ces 7 chiens seront enregistrés ( Phylax N°2698, Prinz N°2699, Ringgi N°2700 et Belline N°2701).

En 1907, à Burgdorf, onze amateurs de la race vont former le Schweizerische Dürrbach-Club (Club suisse du Dürrbach ) avec parmi eux F. Schertenleib (celui qui a recherché la race quelques années plus tôt), Mumenthaler et Scheidegger, tous trois considérés comme les experts de la race. Un an plus tard, ils vont approuver et enregistré 8 autres chiens supplémentaires. La race commence à se relancer. Cette même année, justifiant que la race était surtout issue des montagnes de Berne plutôt que du hameau de Durrbach (qui a uniquement servi de refuge ), le professeur Heim propose de changer le nom de la race en Berner Sennenhund (chien de montagne Bernois ou chien d'alpage Bernois). C'est ainsi que le nom du club se transforme en Berner- Sennenhund Klub et encore plus tard le Schweizerische Klub für Berner Sennenhunde (Club Suisse du chien d'alpage Bernois).

Développement du Bernois

En 1910, le club organise une exposition canine à Burgdorf où seront invité tous les chiens de type Bernois. Au total, 107 chiens seront présents ce jour-là et qui selon le professeur Heim sont, pour les trois quarts, dignes de représenter la race et bons pour la reproduction car conformes au type. Néanmoins, on trouvait encore quelques variations dans les caractéristiques de la race, entre autres une robe qui avait tendance à virer au rouge ou jaune au lieu de noir chez certains sujets.

Cela n'empêcha pas la race de continuer à se populariser. De plus de plus de membres adhèrent au club et le nombre d'inscrit sur le registre suisse passe à 58 chiens en 1922. Pendant ce temps, elle commence à s'exporter dans d'autres pays tels que l'Amérique ou la France. Naturellement, vient la question de se faire reconnaître par le Kennel Club Americain et en 1925, Isaac de la Ferme Schiess (Florence) importe deux chiens en Amérique : une femelle Donna Von der Rothohe, née le 27 mai 1925, fille de Trix von der Rothohe (produit par F. Schertenleib) et un mâle Poincare von Sumiswald SHSB 21565, né le 24 juillet 1924, fils de Leo Greiner SHSB 9018 (produit par Fr. Iseli). Il tente une première fois de les faire reconnaître, mais il essuie un refus. Le 29 mai 1926, Donna et Poincare donnent naissance à 5 chiots qu'il tente à nouveau d'inscrire sur le registre. C'est un échec, malgré les tentatives du responsable des registres suisse de les convaincre qu'il s'agit bel et bien d'une pure race suisse.

Ce n'est qu'à la suite d'un article écrit par Mme L. Egg Leach (anglaise vivant en Suisse) le 1er juin 1935, que l'attention pour la race en Amérique, refait surface. Cette dame, s'exprime dans un magazine réputé "American Kennel Gazette" au sujet des chiens d'alpage Bernois. En autre, elle affirme avoir d'abord été stupéfaite par l'utilisation de ces chiens attelés à une chariote rempli de bidon de lait. Admiratrice et fan des poilus à quatre pattes, il n'était, pour elle, pas concevable qu'un chien puisse subir, ce qu'elle pensait être, un préjudice. À ce moment-là, elle pensait que les chiens étaient des compagnons familiaux et amis, mais pas une "bête de charge". Pourtant, force est de constater que l'animal était, au contraire, heureux dans sa tâche, bien-aimé par sa famille et bien soigné. Ce qu'elle finit par admettre. Avec cet article, elle envoie également des photos de la race qu'elle avait au premier abord confondue de loin avec un Colley.

Bouvier Bernois
Bouvier Bernois sous la table

En janvier 1938, un lecteur, Glen L. Shadow of Ruston lui répond avoir admirer les photos publiées sur le bouvier tirant des charrettes de lait. Ces photos lui rappelaient sans cesse ses souvenirs d'enfance où il avait aperçu ce même chien en France en 1918 - et convoité chez lui un désir très fort de posséder la race. À cette époque, il n'y avait alors aucun élevage de la race en Amérique, et il n'était pas possible financièrement pour lui d'en importer. Il se mit en correspondance avec Mme Egg Leach pour obtenir plus d'information sur la race et acheter un chien importé de Suisse. Ces échanges sont un tournant décisif pour la race, et sans le vouloir réellement M. Glen va se révéler être un élément important dans l'évolution et l'acceptation de la race en Amérique. En effet, face à son enthousiasme et ses écrits, l'American Kennel Club décide officiellement de reconnaître la race le 13 avril 1937, sous le nom de Bernese Mountain Dog (Bouvier Bernois).

Pendant près de dix ans, Glen restera le seul propriétaire ayant enregistré des Bernois sur le registre AKC - la Seconde Guerre mondiale n'ayant pas aidé puisque toutes les importations ont été interdites et l'élevage stoppé. Néanmoins à partir de 1945, on voit apparaitre plusieurs magazines, livre, illustration faisant appel au Du Terre-Neuve dans le Bernois

De retour en Suisse, après l'acceptation de la race par l'AKC, le nombre de chiens enregistrés monte en flèche pour passer de 58 à 129 en 1939 puis 336 en 1948. Bien que les Stud Book eut été fermé, les amateurs de la race se demandaient s'il été nécessaire ou non d'apporter du sang frais. Nul ne sait si l'acte été délibéré ou accidentel mais en 1947, la femelle bouvier Bernois, Christine V Lux, fut croisée avec un Terre Neuve du nom e Pluto V Erlengut. D'après une rumeur, il semblerait que ce croisement aurait été volontaire avec pour objectif d'adoucir la race et améliorer la qualité du poil. Mais rien ne nous permet de confirmer ou d'infirmer.

Champion Alex V Angstorf
Champion Alex V Angstorf, Bouvier Bernois dont l'arrière grand-mère a été accouplé avec un Terre Neuve.

Quoi qu'il soit, de cette alliance sont nés le 21 décembre 1948, 7 chiots qui ressemblaient tous à des Terre-Neuve avec des petites marques blanches sur les pieds. Une femelle et trois mâles seront conservés. La femelle, Babette V Schwarzwasserbachli, sera à son tour accouplé avec Aldo v Tierfurt (un bernois) qui donneront naissance le 23 avril 1951 à 8 chiots de type Bernois. Parmis eux seule la femelle Christine V Schwarzwasserbachli sera retenue pour être accouplée avec Osi V Allenluften (un Bernois). De cette alliance naîtra le 15 mars 1952, 5 chiots Bernois, mais seulement deux survécurent : Alex et Bella.

Le mélange avec le Terre Neuve se révèle être un véritable succès et le mâle Alex (V Angstorf), devenu champion, est considéré comme le père de la race avec quelque 173 descendants sur les trois premières générations. On estime qu'Alex V Angstorf fixe définitivement le type de la race et ainsi se trouve dans le pédigree de tous les Bouviers Bernois d'aujourd'hui.

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